Halte Bellerive

La Halte Bellerive (Image: Pépinière – Espaces collectifs)

Contexte du projet

La Halte Bellerive est un projet initié par l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, dans le cadre du programme d’implantation de rues piétonnes et partagées (PIRPP) de la Ville de Montréal. En concordance avec les objectifs du PIRPP, cette initiative se veut un geste fort pour sécuriser le secteur, réduire l’emprise automobile et surtout, initier un mouvement de revalorisation du quartier. Le projet permet aussi de tester, d’année en année, différents aménagements et une animation adaptée au contexte dans l’optique d’assurer la réussite de la piétonnisation permanente de la rue Bellerive. À cela s’ajoute une volonté d’encourager les citoyens à s’approprier les berges du St-Laurent. La Pépinière a été retenue pour développer le projet en collaboration avec la Société d’animation de la Promenade Bellerive (SAPB).


S’inscrivant dans la volonté de renforcer la Promenade Bellerive comme un attrait d’envergure pour l’Est de Montréal, le projet a pour principaux objectifs de:

  • Aménager des installations multifonctionnelles quatre saisons;
  • Tester de nouvelles formes de programmation, incluant des activités hivernales, en collaboration avec les organismes locaux;
  • Améliorer l’expérience des piétons et cyclistes en créant un lieu convivial;
  • Développer des aménagements compatibles avec le mobilier urbain universellement accessible implantés dans le parc.
    Pour la première phase, déployée à l’été 2020, il s’agissait de construire une halle multifonctionnelle accueillant notamment un
    marché fermier. Dans les années à venir, plusieurs phases viendront se greffer à ce canevas, incluant un café, un gazebo pour
    l’activation d’un espace culturel extérieur, des aires de jeux ainsi que des serres de production agricole. Les prochaines phases
    prévoient l’ajout d’espaces et de programmations complémentaires hautement structurants pour la communauté locale.
    L’ensemble de ces éléments réunis en un même lieu permettront de consolider ce noyau de vie de quartier.

Survol du projet

Au terme de cette première année d’intervention, et malgré les défis d’implanter un nouveau projet en contexte de pandémie, La Pépinière dresse un bilan extrêmement positif : la Halte Bellerive est devenue une nouvelle place de village, un cœur de vie rassembleur pour ce quartier est cours de revitalisation.

Il s’agit d’un projet novateur puisqu’il réunit en un même lieu une multitude d’activités synergiques, tout en étant un espace de rencontre privilégié et intergénérationnel, misant sur la mixité sociale et la diversité d’usages. À cet effet, un des avantages majeurs du lieu est qu’il permet l’expérimentation de diverses formules d’activation, pour tester l’acceptabilité sociale, documenter les résultats et améliorer en continu la qualité de l’offre. Cette approche a d’ailleurs permis de tester 4 journées de marché de quartier durant l’été, misant sur les circuits courts et la valorisation de producteurs locaux. Très appréciée et fréquentée par les citoyens, l’initiative a permis de démontrer la pertinence d’une édition 2021 de plus grande envergure. Nous prévoyons bonifier ce volet de marché fermier en implantant des serres 3 saisons dans une 2e phase, contribuant à l’approvisionnement du marché.

Aussi, ce projet repose sur un modèle d’affaires équilibré et résilient, comprenant autant du financement public que privé, ainsi que des revenus autonomes provenant du café extérieur. Ce modèle favorise la pérennité du projet et l’établissement de liens de partenariat solides avec différentes parties prenantes. Dans cette perspective, soulignons que le projet se distingue par sa démarche de consultation et d’implication qui a grandement contribué au succès. Ce projet est multi partenarial, en collaboration avec l’arrondissement et la SAPB qui reprendra certains volets du projet au fur à mesure que l’organisme développe sa capacité de gestion des espaces publics.

Parmi les obstacles rencontrés lors de la mise en œuvre du projet (printemps 2020), nous devons mentionner les délais occasionnés par la COVID et la complexité de monter les installations tout en instaurant des mesures de santé et sécurité inédites. Cela a entraîné des coûts supplémentaires. Nous avons cependant élaboré un plan de déploiement agile qui a minimisé les impacts de la pandémie sur notre calendrier de montage, et qui a positionné le projet comme un modèle de résilience et de flexibilité en période de crise sanitaire. La Halte Bellerive s’est avérée un des rares espaces de socialisation à Montréal cet été, ce qui en fait un exemple à suivre en matière de gestion d’espaces publics en période de pandémie (et potentiellement post-COVID).

Les retombées du projet

  • Dynamisation de la vie de quartier par la création d’un nouveau pôle d’échange et de socialisation. L’espace accueillera denouvelles activités et de nouveaux aménagements au fil du temps, ce qui enrichira grandement le sentiment d’appartenance et la qualité de vie de la communauté;
  • Aménagement emblématique pour le parc, qui renforce son identité et crée de l’attrait dans un lieu déjà magnifique mais peu misen valeur. Les halles multifonctionnelles conçues pour le projet suscitent l’intérêt d’autres arrondissements et constituent une infrastructure facilement adaptable à d’autres parcs;
  • Succès du marché. Les 4 journées pilotes de marché ont connu un franc succès, auprès des citoyens qui ont profité d’unenouvelle offre alimentaire de proximité, et auprès des producteurs partenaires qui ont bénéficié d’une belle vitrine pour leurs produits. Ces résultats nous permettent d’entrevoir la pérennité du modèle et sa viabilité financière. Une formule de marché avec offre bonifiée est donc souhaitée pour l’an prochain.

Aussi, certaines composantes clés continueront d’être expérimentées et améliorées à Bellerive, dans une perspective de reproductibilité pour d’autres places publiques : aménagements 4 saisons, café-buvette (avec fonds de commerce), scène pour prestations culturelles, aires de jeux et mobilier convivial, programmation et animation.

Plus largement, notre expérience au parc Bellerive fait la démonstration de la viabilité d’un financement tripartite appliquée à la gestion d’espaces publics, tout en ayant des retombées positives durables sur la vitalité sociale, économique et culturelle des quartiers. Un montage financier fondé sur 3 piliers, des fonds publics, privés et des revenus autonomes, assurera la résilience du modèle, et permettra à des projets similaires de voir le jour dans le futur. Ce type de “coeur de quartier” constitue une nouvelle typologie d’espace civique, et nous croyons fermement en son potentiel transformateur pour les communautés.

Urbaniste impliqué

Stéphanie Piette, Urbaniste, no. 1707

Partenaires

Jérôme Glad, co-fondateur, Pépinière – Espaces collectifs

Contact

Organisation ayant réalisé le projet

Pépinière – Espaces collectifs

101 – 3081, rue Ontario Est

Montreal, H1W 1N8

Québec, Canada

Carte

Images du projet

Documentation déposée

Les enseignes emblématiques : Documenter et protéger une richesse patrimoniale méconnue

Une enseigne emblématique

Souvent considérées comme de la pollution visuelle, les enseignes font davantage l’objet d’encadrement visant à réduire leur nombre, leur dimension et leur luminosité plutôt qu’à favoriser leur préservation.

 

Contexte du projet


Le retrait d’enseignes découlant de la fermeture de certaines institutions commerciales d’importance, dont le Archambault sur la rue Sainte-Catherine et la Bijouterie J. Omer Roy sur l’avenue du Mont-Royal Est, a cependant suscité l’inquiétude de nombreux citoyens et acteurs de la société civile quant à leur avenir. En effet, ces enseignes étaient devenues des points de repère pour les
résidents du quartier et ses visiteurs en raison de leur caractéristique singulière et de leur qualité esthétique.


Cette mobilisation spontanée, tout comme l’importante couverture médiatique qui s’en est suivi, démontre un changement quant aux perceptions et aux sensibilités à l’égard des enseignes et la nécessité d’avoir une réflexion sur l’importance de ce type d’objet comme élément d’intérêt patrimonial et identitaire. De cet exercice, un constat majeur s’est dégagé : les autorités municipales n’ont pas les outils pour assurer la préservation et la mise en valeur de ce patrimoine méconnu.


Dans ce contexte, l’absence de précédents dans le contexte législatif québécois a été une occasion pour l’administration municipale de Montréal d’innover en créant une méthodologie permettant de dénicher les enseignes les plus significatives et en développant une approche de conservation cohérente avec la réglementation existante.

Survol du projet


À la suite de ce constat, les arrondissements de Ville-Marie et du Plateau-Mont-Royal ont entamé une démarche de réflexion, accompagnée par la firme l’Enclume, visant à identifier et évaluer des enseignes d’intérêt patrimonial, ainsi qu’à cibler des stratégies d’encadrement règlementaire pour celles-ci.

Le caractère novateur de ce projet se décline en quatre principaux points:

  1. Repenser les valeurs patrimoniales pour un nouvel objet d’intérêt

S’il est courant dans le domaine de l’urbanisme de produire et d’analyser des études sur la valeur patrimoniale d’immeubles, les repères se font beaucoup plus rares pour guider l’évaluation de l’intérêt des enseignes commerciales. L’enseigne ayant la particularité d’être à la fois objet et message, l’approche habituelle reposant sur les valeurs artistiques, historiques, sociales et paysagères a dû être revue pour s’y adapter.

  1. L’inclusion de nouveaux types d’experts

En revisitant ainsi l’approche d’évaluation patrimoniale pour les enseignes, il est devenu impératif de développer une stratégie de recherche spécifique. Un dialogue s’est alors établi avec des experts généralement absents du domaine de l’aménagement: les enseignistes (Association Québécoise de l’Industrie de l’Enseigne) et les chercheurs du domaine de la communication. Ce dialogue a permis de générer une connaissance de base des techniques associées aux enseignes.

  1. La contribution notoire de la société civile

Étant donné que l’identification d’éléments du patrimoine repose non seulement sur une lecture d’expert, mais aussi sur la valorisation collective, il a été convenu dans le cadre de la réflexion menée par le Plateau Mont-Royal d’accorder une importance significative aux acteurs de la société civile. C’est ainsi que les organismes Héritage Montréal, Centre des Mémoires montréalaises, Société d’histoire du Plateau-Mont-Royal et Mémoire du Mile End ont été sollicités dans le cadre du projet.

  1. Une utilisation inédite du règlement sur les PIIA

Du point de vue de l’encadrement réglementaire, la principale innovation amenée par la démarche concerne l’encadrement par le règlement sur les PIIA, tant par Ville-Marie que par le Plateau-Mont-Royal. D’abord, l’encadrement par le biais de ce règlement de nature discrétionnaire permet une flexibilité pour le futur des enseignes d’intérêt, qui peuvent, en fonction des valeurs sur lesquelles repose leur intérêt patrimonial, être maintenues en place et restaurées, transformées ou encore retirées de leur emplacement d’origine. La démarche a de plus amené un renouveau du regard sur la relation entre enseignes et bâtiments. Alors qu’auparavant, l’enseigne était avant tout perçu comme un élément ne devant pas porter ombrage aux composantes architecturales d’un immeuble, elles sont devenues des objets d’intérêt à mettre en valeur, et pouvant faire partie intégrante de l’intérêt d’une construction.

Les retombées

  1. Pour la collectivité

D’une part, le projet a permis, ou permettra, d’assurer la sauvegarde d’éléments méconnus de notre culture matérielle et visuelle collective. D’autre part, il a permis le développement de la connaissance d’un patrimoine émergent et une valorisation publique par la diffusion des fiches présentant les valeurs associées à chacune des enseignes. Enfin, le projet a aussi permis la mobilisation du milieu puisque, plusieurs acteurs de la société civile (organismes de sensibilisation et de sauvegarde du patrimoine, institution muséale, chercheurs, artisans, association professionnelle, grand public), ont contribué à la démarche.

  1. Pour les propriétaires et commerçants

En mettant de l’avant un encadrement réglementaire qualitatif et flexible, les enseignes d’intérêt, et en particulier celles associées à des établissements qui n’existent plus, sont devenues non plus des objets passifs tolérés et menacés de disparition, mais plutôt des objets «actifs», qui peuvent être mis en valeur, actualisés ou commémorés au fil de l’évolution de l’occupation commerciale
des immeubles auxquelles elles sont associées.

  1. Pour les municipalités

Enfin, le projet a aussi permis de mieux outiller les municipalités dans leur processus de prise de décision quant à la conservation ou non d’enseignes d’intérêt. En effet, la méthodologie ’identification des enseignes, leur catégorisation selon différentes typologies et techniques, la méthodologie d’évaluation et la stratégie de recherche documentaire ont permis aux instances municipales d’être mieux outillées dans la façon d’analyser cet objet et d’évaluer éventuellement l’intérêt par exemple d’enseignes trop récentes pour le moment pour être incluses dans le corpus visé par les mesures d’encadrement réglementaires, mais vouées à l’être dans l’avenir.

Urbaniste impliqué

Christophe-Hubert Joncas, Urbaniste, L’Enclume, no. 1783

Partenaires

Samuel Ferland, Urbaniste et Conseiller en aménagement, Arrondissement de Ville-Marie, no. 1456

Catherine Gingras, Urbaniste et Conseillère en aménagement, Arrondissement Le Plateau-Mont-Royal, no. 1905

Alexie Baillargeon-Fournelle, Urbaniste, L’Enclume, no. 1767

Sylvain Dubois, Urbaniste, L’Enclume, no. 649

Contact

Organisation ayant réalisé le projet

L’Enclume

5337, boulevard Saint-Laurent

Montréal, H2T 1S5

Québec, Canada

Carte

Documentation déposée

Parc Pierre-Dansereau : un parc de quartier résilient pour une gestion écologique des eaux pluviales

Le parc Pierre-Dansereau, au abords du campus MIL. (Image: Arrondissement d’Outremont)

Mise en contexte

Le parc Pierre-Dansereau est un des lieux publics planifiés dans le cadre du redéveloppement de l’ancienne gare de triage du CP et l’aménagement d’un quartier mixte, structuré autour du nouveau Campus MIL de l’Université de Montréal. Situé au coeur de l’île de Montréal, le projet MIL Montréal (site Outremont et ses abords) s’articule à partir d’un chapelet de nouveaux espaces publics. Quatre hectares de place, parcs de quartier et de voisinage ont été prévus sur le site de l’ancienne gare de triage pour répondre aux besoins des populations en place et des communautés (universitaires, résidentes, etc.) appelées à animer ce nouveau milieu de vie.

Le parc Pierre-Dansereau est le premier parc de quartier aménagé dans le cadre du projet MIL Montréal. Il est relié à la place Alice-Girard par la diagonale piétonne. Outre ses fonctions sociales, récréatives et écologiques, le parc joue également un rôle majeur dans la gestion des eaux pluviales du secteur. Ajoutons que le parc accueillera en 2021 plusieurs sculptures de l’oeuvre
d’art public de Michel De Broin, appelée Sporophores, qui ponctuera le parcours de la diagonale piétonne.

Amélioration de la qualité des milieux de vie, augmentation du verdissement et amélioration de la biodiversité, mais aussi nécessité de mieux s’adapter aux phénomènes météorologiques extrêmes (pluies abondantes, épisodes de chaleur et de sécheresse, etc.) de plus en plus fréquents ont incités les porteurs de projet à penser l’aménagement du parc selon une démarche partagée : entre les services municipaux d’une part, pour inclure l’ensemble des expertises de la Ville tout au long du processus de conception, mais également avec les citoyen.ne.s du secteur dans une logique d’information, de sensibilisation et d’accompagnement. L’aménagement du parc Pierre-Dansereau visait donc à affirmer le rôle de cet espace public comme infrastructure verte et contribuer à améliorer la résilience de ce territoire en engageant un changement des pratiques.

Survol du projet

Afin de concilier les enjeux complexes du projet, la Ville a engagé une démarche de conception partagée intégrant de multiples acteurs aux expertises variées (architectes de paysages, urbanistes, ingénieurs, etc.). Acteurs clés du projet, la communauté a également été étroitement impliquée à l’ensemble du processus. Suite à un premier exercice participatif portant sur la programmation de l’ensemble des espaces verts du projet (2013), la Ville a souhaité poursuivre ce dialogue citoyen à l’étape de conception du premier parc de quartier. Nourris par ces contributions citoyennes, les aménagistes ont ainsi proposé un concept adapté aux besoins du milieu. Cet exercice participatif a permis d’instaurer un climat d’ouverture et de transparence, et ainsi de favoriser l’acceptabilité sociale du projet.

Anciennement, la gare de triage agissait comme réceptacle des eaux de ruissellement du territoire d’Outremont. Lors de la planification du projet, un réseau de drainage a donc été prévu pour continuer à remplir cette fonction première de rétention des eaux pluviales dans le nouveau quartier à aménager. Il fut alors choisi de conjuguer le réseau de drainage au réseau d’espaces verts en planifiant la construction de bassins de rétention dans chacun des parcs prévus. Initialement envisagés en souterrain, ceux-ci seront finalement aménagés en surface afin de réduire l’empreinte écologique du grand projet, de limiter les coûts et les délais de construction, mais aussi de sensibiliser davantage les citoyen.ne.s à cet enjeu majeur qu’est la gestion de l’eau en ville. Le parc Pierre-Dansereau se présente donc comme un espace multifonctionnel capable de combiner la rétention écologique des eaux de pluie, la création d’îlots de fraîcheur et la reconstitution d’habitats naturels, tout en répondant aux besoins récréatifs de la communauté.

Une grande plaine de jeux libres intégrant un caniveau de drainage a été aménagée en contrebas du niveau des rues adjacentes. À l’est du parc, un jardin de pluie allie fonctions de rétention et espace de divertissement pour les enfants. Ces gestes offraient l’opportunité de créer une variation topographique dans le parc tout en assurant la rétention écologique des eaux pluviales. Reliés entre eux, le jardin de pluie assure la rétention des petites pluies tandis que la grande plaine participe à la rétention des pluies plus intenses. Ce type d’aménagement permet de rendre visible la gestion des eaux pluviales tout en contribuant à l’amélioration du cadre de vie.

Le parc propose également une stratégie de verdissement misant sur la création de nouveaux habitats fauniques et floristiques par la plantation d’une végétation abondante et variée. La maximisation de ces espaces plantés participe aussi à l’infiltration des petites pluies permettant ainsi une réduction du nombre d’infrastructures civiles de drainage dans le parc.

Les retombées

Dans une perspective de transition écologique, l’aménagement du parc Pierre-Dansereau permet de renforcer la résilience du territoire montréalais tout en améliorant la qualité de vie des citoyens. Ce type d’aménagement multifonctionnel révèle plusieurs avantages. Il a pour effet de réduire les débits et les volumes envoyés à l’égout, et donc de diminuer les risques d’inondation lors de surverses. Il permet aussi de mutualiser les infrastructures nécessaires à la gestion des eaux pluviales tout en répondant aux besoins récréatifs des citoyens. La mutualisation des fonctions influe également sur l’optimisation des coûts de construction et assure ainsi des retombées économiques positives pour la communauté. Finalement, ce changement de pratique rend visibles et agréables les interventions et les investissements municipaux requis pour la gestion écologique des eaux pluviales dans une logique de sensibilisation et d’éducation des experts et des populations.

La reproductibilité et l’adaptabilité de ce type d’aménagement s’avèrent indispensables et ces derniers devraient être systématisés afin de contribuer sensiblement au rehaussement de la résilience du territoire montréalais. Pour ce faire, un changement de pratiques s’impose. Il convient dans un premier temps de drainer les zones imperméables vers les zones perméables et de prioriser la gestion de l’eau en surface plutôt qu’en souterrain en maximisant les zones d’infiltration. Ensuite, l’aménagement de ces espaces doit être systématiquement abordé dans une logique de mutualisation des fonctions afin d’élargir son rôle dans la ville. Aussi, tout espace public devrait être aménagé (en tout ou en partie), en contrebas par rapport au niveau des rues adjacentes qui le bordent de sorte à créer une cuvette permettant la rétention d’eau pluviale excédentaire. Ces réflexes de conception sont simples et ont un impact conséquent sur l’amélioration de la qualité des milieux de vie.

Le plan concept du parc Pierre-Dansereau (Image: Arrondissement d’Outremont)

Urbaniste impliqué

Marion Demare, urbaniste, no. 1418

Partenaire impliqué

Alexandre Guilbaud, conseiller en aménagement

Contact

Organisation ayant réalisé le projet

543, chemin de la Côte-Sainte-Catherine,

Outremont, H2V 4R2

Québec, Canada

Carte

Documentation déposée

Images mise à jour du projet (2022)

Plan communautaire global de la Nation crie de Chisasibi

Le Plan Communautaire Global (PCG) de la Nation crie de Chisasibi a même son application mobile. (Image:

Le PCG de la Nation crie de Chisasibi est un premier pas innovant vers l’amélioration des façons de faire quant à la gestion du territoire. L’exercice a permis de rassembler pour la première fois les données relatives au territoire et de clarifier la vision globale de l’aménagement.

La communauté de Chisasibi est située à l’est de la baie James à l’embouchure de la rivière La Grande où elle se développe depuis le début des années 80. Durant l’ère Bourassa, le grand potentiel hydroélectrique de La Grande fut exploité par Hydro-Québec et la Société d’énergie de la baie James. Avant la complétion du complexe La Grande, la communauté vivait sur une île nommée Fort George. L’existence de cette île fut menacée par l’érosion suite à la construction de LG-1 et LG-2 et la communauté fut entièrement relocalisée à son emplacement actuel. Elle s’est fait imposer un développement urbain où l’environnement bâti et naturel n’entretenaient plus de liens, ce qui a engendré une insatisfaction des habitants. L’exploitation a changé l’écosystème de la rivière et les impacts environnementaux sont nombreux. Pour les cris, le projet a rendu la nourriture rare et a eu un impact sur la relation culturelle avec l’environnement. De plus, depuis la construction des routes pour le développement des projets hydroélectriques, les habitudes de vie des cris ont été transformées notamment en ce qui concerne l’alimentation, l’activité physique et l’utilisation des technologies. Ces changements sociaux et technologiques, bien qu’inévitables et présentant des avantages, ont entraîné une augmentation importante du diabète, des maladies cardiaques et de troubles psychologiques.

Aujourd’hui, Chisasibi connaît une croissance énorme. Plusieurs projets structurants sont prévus pour 2021 comme le développement de nouveaux secteurs et l’implantation d’un hôpital régional. Aucune planification territoriale globale n’était disponible pour coordonner le développement. La communauté a profité de la dynamique pour adresser des besoins importants et planifier son déploiement selon une approche adaptée à leur structure organisationnelle.

Contexte du projet

Ce projet suit la démarche du Plan communautaire global (PCG) et adresse les aspects logistiques du développement à sa propre manière. Le caractère novateur repose dans la méthodologie développée. Un PCG est un plan d’action communautaire. Il sert de feuille de route à long terme permettant à la communauté d’avancer en termes de gouvernance, du territoire et des ressources, de la santé, de la préservation de la culture et des traditions, du développement social et économique, du développement des infrastructures et du renforcement des capacités. Ce PCG vise également à adapter les approches de planification aux contextes nordiques et aux structures de gouvernance indépendantes.

Pour devenir un véritable vecteur, le plan favorise donc les actions concrètes. Pour chacune des thématiques soulevées, des objectifs sont formulés. Certains de ces objectifs sont immédiatement traduits en interventions sur le territoire à travers les plans de développement de la communauté. Les interventions sont réfléchies selon la distribution des infrastructures actuelles et l’optimisation des financements et des ressources. Les objectifs restants sont adressés dans le plan d’action qui permet à la communauté de prioriser les études, les modifications règlementaires et les programmes à développer pour poursuivre l’intégration des besoins. D’autant plus, il est souvent difficile de contrôler la mise en œuvre d’un document de planification puisqu’elle concerne différents acteurs au sein d’une organisation. C’est pourquoi la conception du PCG a été axée sur la collaboration entre les parties prenantes.

L’équipe a travaillé régulièrement avec la communauté, les représentants des départements internes, les ingénieurs et les responsables des infrastructures pour valider la faisabilité de chaque intervention proposée. Cette méthode permet de s’assurer que les objectifs sont réalistes et réalisables. Puisque les parties prenantes ont pris part à l’élaboration du plan, il est plus facile pour tous d’avoir une même compréhension de la vision globale et des actions spécifiques. D’ailleurs, l’une des préoccupations majeures du PCG était de fournir un outil de travail efficace pour la communauté, tout en étant un outil de communication. Il s’agit d’établir une structure de travail qui peut être maintenue dans le temps et avec les multiples acteurs oeuvrant sur le territoire. Ainsi, le document a été transformé en une application mobile accessible sur Internet. L’application offre un retour sur le contexte et une carte interactive en ligne fournissant des informations sur les projets de la communauté, les infrastructures et les services, l’utilisation du sol, les parcs, les points d’intérêt, etc. Cet outil est une innovation importante pour Chisasibi qui permettra à chaque partie prenante d’avoir accès en tout temps à l’information pouvant affecter le travail à effectuer ainsi qu’à coordonner les activités sur le territoire.

Comment faire?

Le projet a obtenu le support unanime du Conseil de Chisasibi. Le Conseil a souligné l’utilité du document, non seulement pour coordonner les projets sur le territoire et optimiser leurs efforts, mais aussi pour négocier leurs besoins de financement avec les autorités gouvernementales concernées. En effet, les communautés dépendent largement de programmes de financement et doivent appuyer chaque demande soumise. Le travail analytique leur permet de vulgariser leurs besoins. Les plans de développement et de phasage leur permettent de démontrer la planification des investissements. Ce PCG regroupe ainsi en quelque sorte la planification urbaine, la planification stratégique et la planification des immobilisations. La structure de planification qui précédait à Chisasibi était principalement axée sur le financement.

Un plan d’investissement quinquennal est préparé tous les cinq ans et présente des projets à court terme. La budgétisation annuelle découle de celui-ci et sert à recevoir les financements annuels qui doivent être dépensés avant la fin de l’entente de financement. Aucune planification urbanistique n’était disponible et les projets étaient réfléchis en silos. Pour le futur, le PCG permet à la communauté de renverser la structure de planification. En effet, les besoins, la localisation des projets et la planification des secteurs ont été planifiés sur un horizon de 20 ans. La communauté peut ainsi déployer les actions à réaliser à travers leur budgétisation de manière beaucoup plus efficace. Notamment, le phasage inclut une distribution annuelle de la pénurie en logement leur permettant d’illustrer leurs besoins criants et d’adopter une stratégie de gestion de la crise. Il s’agit d’un modèle bénéfique pouvant être reproduit pour l’ensemble des communautés ayant des modèles de gestions propres à elles. L’apprentissage repose sur une compréhension des réalités logistiques des communautés pour leur donner des outils concrets leur permettant de progresser.

Des résultats probants

Comme démontré, le PCG de la Nation crie de Chisasibi est un premier pas innovant vers l’amélioration des façons de faire quant à la gestion du territoire. L’exercice a permis de rassembler pour la première fois les données relatives au territoire et de clarifier la vision globale de l’aménagement. Le diagnostic est maintenant un outil servant à appuyer la communauté dans la vulgarisation de leurs besoins en financement, mais aussi des éléments dont les parties prenantes doivent tenir compte lorsqu’ils sont impliqués dans la communauté. Or, la connaissance de la situation actuelle n’est souvent pas maitrisée par l’ensemble des acteurs externes. Ensuite, l’application mobile développée transforme complètement le relais de l’information au sein de la communauté, de l’organisation et des parties prenantes. Elle permet à tous d’avoir accès en tout en temps à l’information pertinente à chaque projet.

Notons que l’isolement de la communauté force à engager une multitude de consultants externes et les départements sont sollicités répétitivement pour partager des PDF ou des plans éparpillés, ce qui représente une perte de temps et de ressources. D’autant plus, au sein de l’organisation, il est plus difficile de connaitre l’information qui relève d’une autre direction. De cette façon, une vision globale est également maintenue à tous les niveaux. En ce qui concerne les plans de développement et de phasage qui ont été conçus, ils servent à structurer les financements et les projets à long terme. En effet, en raison du contexte, les projets doivent suivre les infrastructures disponibles, c’est-à-dire que les infrastructures disponibles doivent être optimisées avant d’ouvrir de nouveaux secteurs. En faisant un phasage qui suit la capacité des infrastructures, la planification permet d’intégrer les projets structurants ainsi que les besoins au sein de quartiers mixtes, pouvant accueillir des projets variés tout en demeurant cohérant.

Comme expliqué plus tôt, le plan permet ainsi d’inverser la structure de planification dans la communauté et d’être proactif plutôt qu’en réaction aux financements accordés. Cette approche résulte de la méthodologie adoptée pour compléter le plan. L’implication des départements et des ingénieurs tout au long du processus de planification a permis de proposer des actions dont la faisabilité est validée. D’ailleurs, ceci permet de lier la planification aux étapes de mise en œuvre et d’assurer une perméabilité entre les efforts. Les parties prenantes ayant participé de près à la planification, elles sont outillées pour appliquer les actions sur le territoire selon les enjeux. Rappelons aussi que le plan se veut une feuille de route se concentrant sur des actions concrètes relevant de thématiques variées organisées selon des plans de développement ou un plan d’action. Il regroupe ainsi en quelque sorte la planification urbaine, la planification stratégique et la planification des immobilisations et devient un outil de travail pour le Conseil et la communauté. Somme toute, le PCG de la Nation crie de Chisasibi vient réellement retourner la planification du territoire dans la communauté «?sur un dix cents?».

Urbaniste impliqué

Haya Hatab, urbaniste-stagiaire, groupe BC2.

Partenaires

Thomas Washipabano, Directeur général, Nation crie de Chisasibi

Contact

Organisation ayant réalisé le projet

Nation Crie de Chisassibi

150-1 Riverside Drive,

Chisasibi, J0M1E0

Québec, Canada

Carte

Documentation déposée

Projet de démonstration du Secteur Déry

 

Esquisse d’intégration pluviale permettant de comprendre le mouvement de l’eau à travers les aménagements de la place publique projetée. (Image: Ateliers Ublo)

Le mandat consiste à réaliser une étude de faisabilité de la réfection du stationnement de l’Hôtel de Ville de Cap-Santé. Dans le cadre de cette étude, ce projet contient deux objectifs parallèles qui s’insèrent dans l’amorce d’une démarche d’adaptation aux changements climatiques pour la Ville de Cap-Santé et plus particulièrement pour le secteur Déry. L’étude de faisabilité permettra de réaliser une évaluation technique et financière du projet ainsi que la proposition de différents mécanismes et indicateurs de suivis. Ce travail se fera en étroite collaboration avec les services municipaux afin de s’ajuster aux besoins. Les objectifs principaux seront de réduire la vulnérabilité de la municipalité face aux changements climatiques par un processus d’intégration d’une gestion durable des eaux pluviales comme vecteur d’aménagement durable tant dans ses aspects sociaux, environnementaux et économiques.

Ainsi, les concepts d’aménagement du stationnement et du Secteur Déry feront l’objet de vitrine d’une démarche qui tend à devenir réplicable à l’échelle municipale et régionale. L’ensemble de la démarche prendra en considération des enjeux généraux relatifs au développement durable et à la résilience face aux changements climatiques tels que la gestion des eaux pluviales, la gestion des déchets, la mobilité alternative et sécuritaire, l’énergie et la valorisation de la biodiversité locale. L’étude de faisabilité portera également sur les processus de planification territoriale, les modèles de gouvernance et outils à développer dans l’optique de rendre la démarche généralisable, pérenne et évolutive dans le long terme.

Afin de réaliser cette étude, la municipalité de Cap-Santé a mandaté Les Ateliers Ublo et Vinci Consultants. D’une part, l’équipe de Les Ateliers Ublo se penchera davantage sur la conception générale de l’aménagement à l’échelle micro du Secteur Déry (le contenu) et des processus de planification à développer sur une échelle macro afin de faire évoluer les pratiques durables (le contenant), D’autre part, l’équipe de Vinci Consultants approfondiront davantage le volet central de cette étude, soit la gestion durable des eaux pluviales et l’intégration d’infrastructures vertes. 

Urbaniste impliqué

Pascale Rouillé (no. 1067)

Organisme ayant mené le projet

Les Ateliers Ublo

4700, Saint-Catherine Est,

Montréal (Québec)

H1V 1Z2

Carte

Partenaires

Mario R. Gendro, Vinci consultants