BC2 – Portrait régional d’Eeyou Istchee

(Dans «2021-2022, Compilation, Projets novateurs en urbanisme, RU, Relève en urbanisme»)

Le Portrait régional du territoire traditionnel cri Eeyou Istchee est le fruit de l’un des mandats confiés à la Commission. Constituant la première étape de l’élaboration du Plan régional stratégique de l’utilisation des terres et des ressources, ce document dresse les dynamiques du territoire et de ses habitants. Il initie en même temps une plus large réflexion sur la pertinence de certaines compétences régionales en matière d’aménagement du territoire. 

Eeyou Istchee (« la terre du peuple ») est la terre ancestrale des Cris de l’est de la baie James ou des Eeyou/Eeenou. Comprenant un territoire de plus de 450 000 km2 situé entre le 48e et le 56e parallèle, Eeyou Istchee est le territoire de 11 Premières Nations cries et de 18 000 habitants. Au cours des dernières années, les Premières Nations cries ont obtenu des gouvernements du Québec et du Canada des pouvoirs et des responsabilités, notamment en matière de planification et de gestion de leur territoire et de leurs ressources. Pour l’accompagner dans l’application de certains nouveaux pouvoirs sur une partie de son territoire (les terres de catégorie II qui ne sont pas soumises à la LAU), le gouvernement de la nation crie a mis en place la Commission Eeyou de planification.

Consciente de devoir adapter l’exercice à la culture crie, la Commission et ses partenaires ont consacré plusieurs chapitres à la relation particulière qu’entretiennent les Cris avec leur territoire et les paysages significatifs qui le composent. On y distingue également chacune des communautés cries par des portraits soulignant les singularités de chacune d’entre elles. Le Portrait régional reconnaît également les priorités que sont les connaissances traditionnelles et l’utilisation de la langue crie. 

Plus largement, le Portrait régional et son énoncé de vision, écrits collectivement, proposent un plan d’action tangible pour permettre une gestion équitable et inclusive d’Eeyou Istchee en faveur des communautés qui y habitent, ainsi que des mécanismes d’appropriation de la documentation par les personnes concernées.

Le comité de sélection a particulièrement apprécié la nature évolutive de la documentation associée au Portrait régional du territoire traditionnel cri Eeyou Istchee. Son usage d’une méthodologie différente expérimente une approche distincte du modèle de planification québécois régi par la LAU, en vue d’être utilisée par d’autres communautés autochtones. Dans cette perspective, présenter ce projet à un plus large public, en reconnaissant sa grande valeur, était une évidence pour le comité de sélection.

Défis, retombées et enseignements – complément d’informations à la Compilation 2021-2022

Parmi les défis rencontrés pour ce projet, l’envergure du territoire et de l’échelle d’analyse à mener ont été majeurs, par exemple, la présence de multiples zones écologiques ainsi que les différences culturelles entre les communautés à traduire en enjeux de développement distincts. 

Le contexte législatif unique de ce territoire fut un deuxième défi. La gouvernance d’Eeyou Istchee est complexe. Elle implique plusieurs paliers de gouvernement en plus d’être régie par plusieurs ententes qui procurent des pouvoirs et responsabilités aux communautés, au Gouvernement de la Nation Crie et au Gouvernement régional d’Eeyou Istchee Baie-James variant selon le découpage du territoire en terres de différentes catégories. Ce système ancré dans un modèle occidental n’est pas adapté au contexte autochtone.

Considérant les défis rencontrés et le travail produit, il est apparu crucial d’entamer une réflexion quant au développement d’outils d’aménagement et de conservation du territoire adaptés au contexte des territoires non organisés tels qu’Eeyou Istchee. Pour réconcilier protection et développement, il est également essentiel d’adopter de nouvelles approches d’analyse intégrant plusieurs perspectives (urbanisme, architecture de paysage, géographie, biologie, anthropologie et histoire) pouvant permettre la mise en œuvre de solutions plus équitables, créatives, efficaces et durables.

Ce portrait est la première étape d’un processus d’exploration de nouveaux outils de planification visant ultimement à développer les capacités et potentiels d’autogouvernance des communautés Cries dans la gestion durable de leur territoire. Ceci se traduit notamment par la priorisation des connaissances et savoirs Cries, par des mesures pour diminuer les barrières à l’appropriation Crie du document, par la mise en place d’un lexique d’acronymes et l’attention particulière accordée au design graphique et à l’utilisation de figures pour simplifier des sujets complexes.

Urbaniste(s) impliqué(s) et autres ressource

  • Brochu-Hébert (Sarah-Anne), urbaniste, Gouvernement de la Nation Crie, permis 1575
  • Hatab (Haya), urbaniste stagiaire, Groupe BC2, permis 7233
  • Côté (Kiana), urbaniste stagiaire, Groupe BC2, permis 7292

Professionnel.les en aménagement impliqué.es

  • Beck (Christopher), Gestionnaire de l’aménagement du territoire, Gouvernement de la Nation Crie, maîtrise en étude de l’environnement (Université York) et baccalauréat en sociologie (Université McGill)
  • Labrecque (Jessica), chercheure en aménagement du territoire, Gouvernement de la Nation Crie, maîtrise en géographie humaine (Université McGill) et baccalauréat en développement international et environnement (Université McGill)
  • McDonald (Marie-Pierre), architecte de paysage, Groupe BC2, maîtrise en architecture (Université McGill) et baccalauréat en architecture du paysage (Université de Montréal)
  • Paquet (Maxime), géomaticien, Groupe BC2, maîtrise en géographie, profil professionnel en aménagement du territoire et systèmes d’information géographique (Université du Québec à Montréal) et baccalauréat en urbanisme (Université du Québec à Montréal)
  • Beauchamp (Caroline), géomaticienne, Groupe BC2, baccalauréat en géographie environnementale, spécialisation environnement physique (Université de Montréal)
  • Racine (Vincent), designer urbain, Groupe BC2, maîtrise en urbanisme et développement urbain (Université Ryerson) et baccalauréat en sciences de l’environnement et économie (Université McGill)
  • Grout-Brown (Frances), professionnelle en aménagement, Groupe BC2

Organismes ayant mené le projet

Groupe BC2

300-85, rue Saint-Paul Ouest,

Montréal, H2Y 3V4

Québec, Canada

Site internet

Et

Eeyou Planning Commisssion

Documents

Développement durable et règlements d’urbanisme: l’engagement écosystémique et avant-gardiste du Canton de Lochaber-Partie-Ouest

Le canton de Lochaber-Partie-Ouest a pris les devants pour protéger son environnement (Image: Lochaber-Partie-Ouest)

Cette approche en amont permet non seulement une véritable lutte aux changements climatiques mais également la protection de la biodiversité et des paysages. Un «must» en urbanisme afin d’assurer la qualité de vie des citoyens et des écosystèmes naturels. 

Le Canton de Lochaber-Partie-Ouest a choisi d’agir. Les élus ont choisi d’être responsables et de contribuer à l’élaboration d’instruments réglementaires intégrant systématiquement le développement durable, en modifiant notamment, le Plan et ses règlements d’urbanisme.

Ainsi, le Canton assure une gestion durable de son territoire en:

  1. maintenant un environnement naturel propice à l’épanouissement de l’humain et de la biodiversité;
  2. assurant une vie communautaire et un aménagement durable;
  3. permettant un développement économique intelligent et durable, seulement si les critères 1 et 2 sont respectés.

Comment faire?

Le Plan et les règlements d’urbanisme sont les outils les plus importants pour une municipalité et ils doivent traduire une véritable intervention pour la préservation de l’environnement, de la biodiversité, de l’eau souterraine, de la beauté du paysage, de la valorisation des terres agricoles, ainsi qu’ un positionnement fort à la lutte aux changements climatiques.

Notre approche écosystémique limite la fragmentation de l’écosystème forestier en empêchant la création d’îlots de chaleur, en préservant les milieux de vie et la biodiversité. La réglementation prévoit des dispositions relatives à la gestion des eaux de surface en diminuant le taux d’imperméabilisation des sols, favorisant ainsi une percolation efficiente pour régénérer les eaux souterraines et réduisant, significativement, les risques liés aux inondations. L’engagement d’un aménagement durable exige également l’établissement de dispositions actives, afin de réduire les nuisances relatives aux bruits routiers considérant qu’ils constituent la deuxième nuisance pour la santé et le bien-être des citoyens, après la pollution.

Les élus disposent du cadre légal requis pour préserver la biodiversité, la qualité de l’environnement, faire la lutte aux changements climatiques et ainsi assurer la qualité de vie des citoyens pour les générations présentes et futures.

Pierre Renaud, maire

Des exemples concrets

  • Obligation d’une étude de caractérisation biologique avant l’émission d’un permis de lotissement ou de construction.
  • Protection des corridors écologiques, des milieux humides et hydriques, ainsi que des plantes menacées ou vulnérables et leurs bandes de protection.
  • Aucun renvoi de l’eau de surface du terrain ou des toitures dans les fossés municipaux.
  • Obligation d’identifier les corridors écologiques existants ou création de corridors écologiques, si absence de couvert forestier, au moment d’une demande d’un permis de lotissement ou de construction.
  • Économie et récupération de l’eau de pluie visant à réduire la consommation d’eau.
  • Aucun éclairage extérieur en direction du ciel et vers les corridors écologiques. Obligation d’utiliser des lumières de moins de 2000 kelvins.
  • Obligation d’utiliser des espèces indigènes à la région de l’Outaouais pour la plantation de plantes, d’arbustes et d‘arbres . Aucune espèce exotique n’est permise.

Un travail concerté

Le Canton propose donc aux Lochabérais un Plan d’urbanisme et des règlements d’urbanisme novateurs et exemplaires, faisant ainsi une entrée importante dans le développement durable en assurant quotidiennement un développement intelligent par l’aménagement durable de son territoire.

Devant l’urgence d’agir, nous souhaitons vivement que d’autres municipalités s’inscrivent dans cette démarche, en reproduisant les orientations de développement durable, ou encore, certaines dispositions des règlements d’urbanisme pour un aménagement durable du territoire. Pour les élus municipaux, vous devez réaliser cet engagement en faveur du développement durable, sachant que les plus grands enjeux sont précisément l’amélioration de la qualité de vie des citoyens et la pérennité de l’environnement.

Pour relever ce défi, il faut souligner l’importance du travail en amont (identification des enjeux, recherche de précédents, rédaction, révision et validation). Le succès de l’exercice repose essentiellement sur le leadership et l’expertise du maire du Canton de Lochaber-Partie-Ouest, monsieur Pierre Renaud, la collaboration et l’engagement passionné du Conseil municipal, ainsi que l’expertise et l’entière implication de l’urbaniste, monsieur Yves Deshaies, OUQ, président et fondateur du Groupe Accord, consultant.

Urbaniste impliqué

Yves Deshaies, président et fondateur du Groupe Accord, consultant. (no. 655)

Partenaires

Pierre Renaud, maire et avocat

Le Conseil municipal du Canton de Lochaber-Partie-Ouest

Contact

Organisation ayant réalisé le projet

Canton de Lochaber-Partie-Ouest

350, rue Victoria,

Thurso, J0X 3B0,

Québec, Canada

Carte

Documentation déposée

Des rues inspirantes – un inventaire pour passer à l’action

Des rues inspirantes. Photo: Centre d’écologie urbaine de Montréal.

Contexte

Les rues offrent plus qu’un seul rôle de mobilité. Elles ont une incidence sur les sphères sociales et environnementales de nos villes. La présence des artères urbaines, du réseau de connectivité entre les modes de transport, le déploiement d’axes de transport actif et les multiples profils des utilisateurs représentent un défi de conception et d’implantation dans les milieux de vie. Différents concepts de partage de la rue, tel que la rue conviviale, sont mis en œuvre dans les municipalités du Québec afin de promouvoir et faciliter le transport actif et collectif.

Le projet

Le CEUM a répertorié des initiatives innovantes de réfection de rues afin d’inspirer les professionnels et décideurs à explorer de nouvelles solutions pour leurs municipalités. Au final, la première version de l’inventaire met en valeur 9 initiatives de rues conviviales menées au Québec. Dans un contexte où le Québec s’est engagé dans la voie de la mobilité durable à l’aide d’une politique audacieuse et où des centaines de kilomètres d’infrastructures sont à rénover dans les municipalités québécoises, l’inventaire proposé permettra d’inspirer des décideurs et professionnels de partout au Québec. Cet inventaire de rues conviviales est un outil destiné au grand public, aux professionnels et aux décideurs qui s’intéressent à cette approche. Il permet d’en apprendre sur l’application de ces principes d’aménagement dans divers contextes urbains et suburbains à partir de projets réalisés ou en cours. Il sert également à diffuser et à mettre en valeur des projets assurant la sécurité et le confort des usagers de la route.

LE CEUM travaille à une deuxième édition incluant une dizaine de projets de rues conviviales supplémentaires. Cet inventaire sera lancé à l’automne 2019.

Les objectifs de l’initiative sont de :

  • Rechercher et analyser des exemples de projets de rues inspirantes;
  • Promouvoir le concept des rues conviviales;
  • Démontrer la réalisation de projets de rues conviviales dans le contexte québécois.

Documentation

Présentation du projet

Urbaniste impliqué

Mikael St-Pierre, no. 1660

Organisation ayant mené le projet

Centre d’écologie urbaine de Montréal

3516 avenue du Parc

Montréal, Québec H2X 2H7

Canada

Carte

Partenaires

Peter W. Murphy, conseiller en design urbain à la Ville de Québec

Nancy Smith Lea, director Toronto Centre for Active Transportation

Gestion de la crise des inondations de 2017 à Rigaud

Gestion intégrée et collaborative du rétablissement des inondations historiques à Rigaud

© Josiane Pharand (séance de photographie en hélicoptère en date du 4 mai 2017)

Les crues historiques du printemps 2017 de la rivière des Outaouais ont endommagé un nombre important de propriétés riveraines dans plus de deux cents municipalités. Ce sinistre a engendré la mise en place d’un processus de rétablissement et de gestion des demandes de réparations des dommages. C’est aussi dans ce climat d’urgence que les citoyens ont dû s’informer et comprendre les dispositions de l’aide financière, des mesures d’urgence, ainsi que de la réglementation en vigueur.

Un projet de centralisation des ressources pour optimiser le service

C’est dans ce contexte de mesures d’urgence que la Municipalité a centralisé ses ressources et a ainsi pu gérer plus efficacement les demandes des citoyens, tant sur le plan humanitaire que communicationnel. La Ville de Rigaud a donc décidé d’engager une firme, Infra Planification urbaine, pour mettre en œuvre un outil de gestion de crise. Grâce à cette approche de gestion, il a été possible de répondre plus efficacement à la situation en distribuant l’aide humanitaire d’une façon équitable entre les citoyens, et ce, sans compromettre les services habituels de la Ville. La mise en place d’une véritable cellule de crise a permis aussi une gestion intégrée et collaborative entre les différentes parties prenantes du processus de rétablissement.
Un nouveau modèle de gestion en temps de crise
Le travail conjoint de l’équipe de la cellule de crise (inspecteurs en urbanisme et gestionnaires) avec le Service d’urbanisme de la Ville de Rigaud, ainsi que les services de la Croix-Rouge canadienne, du CSSSMO et de l’Armée du Salut, a mené à une gestion intégrée et efficace des dossiers et a permis une meilleure résilience. En effet, s’il peut être difficile pour un citoyen en temps normal de trouver de l’information sur la distribution de l‘aide humanitaire ou de comprendre la réglementation municipale, en période de crise cela se complique. Cette méthode intégrée des services a su distribuer l’information simplifiée, ce qui a assuré la compréhension du processus décisionnel derrière l’attribution de permis de rénovation ou la décision de démolition. Ainsi, les sinistrés étaient pris en charge par les différentes instances et ont reçu l’aide nécessaire pour un rétablissement efficace et rapide.

Les retombées de la démarche

Après la crise, il est évident que la centralisation des demandes a permis de mieux orienter les citoyens sur la réglementation municipale en zone inondable. Dans un contexte de changements climatiques et de risques accrus de sinistres, ce modèle de gestion reproductible et adaptable est un pas de plus vers la résilience urbaine.

CONTACT

Manel Djemel, urbaniste-stagiaire

Plan lumière de la capitale à Ottawa

Une vision du territoire nocturne

© Lumipraxis stratégie lumière pour la CCN, 2018.

En raison des nouvelles technologies et de leur coût moindre, la région de la capitale du Canada fait face à une augmentation de projets de mises en lumière de tous types et de toutes envergures. Pour s’assurer de la mise en valeur du caractère naturel et culturel nocturne, la Commission de la capitale nationale (CCN) a mis sur pied un plan lumière directeur guidant ces initiatives. En se dotant de cet outil, la CCN souhaitait orienter la conception et l’évaluation de ces projets dans une vision globale plutôt que de traiter des projets isolés sans fil conducteur.

Mettant en œuvre plusieurs objectifs, l’ensemble du document a pour but d’embellir et de sécuriser la région après la tombée de la nuit, de la rendre plus agréable et de forger l’identité du lieu.

Un projet participatif à la jonction de multiples disciplines

Le Plan lumière aborde un domaine émergent de la lumière et de son potentiel qui est l’intersection de l’urbanisme, du design urbain, de l’architecture, de l’art visuel et de l’ingénierie. Développé en collaboration avec la Ville de Gatineau, la Ville d’Ottawa, ainsi qu’avec une gamme de parties prenantes publiques et privées, sa méthodologie a été élaborée sur la base d’une approche très participative : conférence, atelier public, codesign, marches nocturnes, sondage en ligne, etc. Elle a également été adaptée afin de mettre l’accent sur la sensibilisation des parties prenantes. Ainsi, une base de connaissance plus solide a été créée, contribuant à un intérêt grandissant par rapport au domaine de la lumière.

La lumière planifiée dans tous ses états

Le plan traite de l’éclairage privé et public, de l’éclairage fonctionnel, artistique, évènementiel et des moyens de réduire les nuisances sur l’environnement. Il définit un « concept d’illumination » qui établit les grandes lignes de la scénographie nocturne globale. Aussi, afin d’illustrer visuellement l’impact que le plan pourrait avoir sur les panoramas nocturnes de la région, ce dernier présente des rendus d’inspiration permettant la compréhension de tout un chacun.

Outil et guide sur la mise en lumière d’un territoire et du cadre bâti (édifices, art public, places publiques, etc.), le plan a déjà généré plusieurs retombées positives sur la région depuis son adoption en 2017, à savoir des projets tels que des espaces publics, édifices, parcs et sentiers.

CONTACT

Lucie Bureau, urbaniste
Directrice, Planification à long terme et transport, Commission de la capitale nationale