Projet Arpent vert et Réglementation sur les terrains vacants à Montréal

AIDER LA VILLE ET LES CITOYENS À CULTIVER ET À DONNER UNE ÂME AUX ESPACES VACANTS
© Lande, 2016.

Lande est un collectif qui vise à aider les communautés à faire des espaces vacants des espaces de vie, de renouveau et d’amélioration de l’environnement urbain. À l’échelle de chaque projet, Lande est là pour aider les citoyens à surmonter chaque obstacle administratif et logistique.

La première action de l’OBNL a été la mise place d’une plateforme Internet participative permettant aux Montréalais de localiser les terrains vacants. Plus d’une centaine de terrains ont ainsi été recensés. Cette collecte d’informations a permis de sensibiliser le grand public et les élus au grand nombre d’espaces vacants sur le territoire et permet de démontrer le potentiel du projet de réhabilitation, sa portée écologique, économique et sociale pour l’ensemble de la ville.

L’action conduite à travers la réglementation et le projet

Lande a proposé à la Ville de Montréal une marche à suivre pour l’aménagement ou l’animation des terrains municipaux vacants. Ce règlement sur les terrains publics vacants se base sur l’idée fondatrice de Lande selon laquelle les citoyens doivent pouvoir se réapproprier les espaces vacants. L’intérêt est triple : l’espace perdu peut être valorisé, les aménagements sont une réponse adaptée aux besoins du quartier et de sa population et cette démarche collective participe à la création de communautés vivantes, inclusives et solidaires. Les points clés du règlement sont la désignation dans les équipes municipales d’un interlocuteur pour les citoyens sur les questions de réappropriation des terrains vacants; la mise en place d’un projet pilote et, comme but final, la rédaction d’un règlement-cadre pour l’intervention dans les terrains publics vacants.

À une échelle plus locale, Lande intervient comme facilitateur et accompagnateur des initiatives de quartier, comme pour le projet Arpent Vert, dans l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Un terrain vacant, renommé Arpent Vert par le collectif citoyen qui l’a réinvesti, est désormais un site d’agriculture urbaine. Grâce à l’obtention d’un permis d’occupation et à l’octroi de subventions, le terrain a pu être nettoyé, réaménagé avec un mobilier temporaire et des plantations. Le site est désormais porté par un groupe ouvert de citoyens engagés. Le groupe s’agrandit par une présence active sur les réseaux sociaux, où les habitants du quartier peuvent échanger de l’information.

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Maude Ladouceur, urbaniste

Projet de rue partagée de Dijon dans l’arrondissement de Montréal-Nord

L’ÉNERGIE COLLECTIVE POUR CRÉER DES ESPACES PUBLICS HABITÉS
© Arr. Montréal-Nord, Convercité, Pépinière et co. et Un itinéraire pour tous

Dans un secteur dépourvu d’espaces publics de qualité et pourtant fréquenté par un grand nombre d’usagers, le secteur communautaire et les citoyens se sont mobilisés pour transformer une rue en un espace de rencontre, d’amusement et de réappropriation collective.

Le Corridor vert des cinq écoles est un projet porté par plusieurs intervenants de Montréal-Nord. Sur un territoire d’un demi-kilomètre carré se concentrent cinq écoles, deux parcs, un aréna, une bibliothèque et une salle de spectacles. Chaque jour, près de 6?000 écoliers, enseignants, parents, fréquentent le secteur en plus des nombreux usagers des parcs et de l’aréna.

Malgré ce fort potentiel, les espaces publics étaient peu investis par la population : cette zone souffre d’un manque de végétation et d’une absence de connexions entre chacun de ses pôles. L’aménagement déficient du secteur se faisait particulièrement sentir dans ce quartier qui connaît un niveau de défavorisation matérielle et sociale plus élevé que la moyenne.

Une stratégie participative d’animation urbaine

L’arrondissement s’est appuyé sur la concertation avec le milieu dès les étapes initiales de conception, dans une perspective de cocréation. Les deux commissions scolaires ainsi que la Société de verdissement du Montréal métropolitain (SOVERDI) ont joué un rôle de premier plan dans le processus.

Un des principaux projets du Corridor vert est la mise en place d’une rue partagée sur la rue Dijon. Cette rue souffrait particulièrement d’un manque d’animation. Durant trois séances de consultations, l’ensemble du milieu a développé un concept pour donner vie à cet espace, notamment grâce à un mobilier urbain en partie construit par les élèves de l’école voisine.

Trois tronçons de la rue Dijon seront transformés graduellement en rue partagée. Chaque année, des installations temporaires et ludiques seront déployées sur un tronçon et seront remplacées l’année suivante par des aménagements permanents. Les installations seront ainsi déplacées de manière graduelle dans le but d’insuffler une nouvelle énergie aux tronçons de la rue Dijon. Tout ceci a permis de mettre au monde un projet innovant pour la communauté : un espace dédié aux familles avec des aménagements ludiques et une foule d’activités estivales.

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Stéphanie Lavigne, urbaniste
Conseillère en aménagement à la Direction de l’aménagement urbain et des services aux entreprises

Projet de requalification du secteur Champ-de-Mars à Montréal

LA PLANIFICATION URBAINE À L’HEURE DE LA VILLE INTELLIGENTE ET CRÉATIVE
© Ville de Montréal

En prévision de son 375e anniversaire, la Ville de Montréal souhaite réparer la coupure dans le tissu urbain occasionné par l’autoroute Ville-Marie. Face à cette problématique, la Ville a lancé une démarche de requalification urbaine. Le « projet Secteur Champ-de-Mars » vise à mettre en valeur un réseau d’espaces publics de grande qualité, à retisser les liens entre le secteur du centre-ville et le Vieux-Montréal et à atténuer le caractère autoroutier du secteur.

Le projet intègre activement le citoyen dans toutes les étapes du processus de conception et de mise en œuvre. Le procédé est notable, car il est significatif du changement de paradigme de l’urbanisme opérationnel. En effet, la démarche, éprouvée dans les processus d’écriture des documents de planification ou dans la mise en place de projets d’urbanisme tactique, l’est moins pour des projets d’urbanisme opérationnel d’une telle ampleur.

Intégrer les citoyens dans la réflexion d’aménagement

L’implication citoyenne a permis d’identifier plusieurs enjeux liés à l’appropriation du secteur par les usagers, à la convivialité des liens de mobilité, à la qualité de l’aménagement urbain, à la mise en valeur d’un patrimoine riche et diversifié et à la mise en valeur des paysages monumentaux. De ces enjeux découlent les grands objectifs qui reflètent les aspirations et les valeurs de la communauté :

  • FAVORISER la participation citoyenne;
  • CRÉER un réseau d’espaces publics accueillants, animés et plus verts;
  • TISSER des liens avec les autres quartiers;
  • AMÉLIORER l’animation urbaine et la cohabitation entre les différents usagers de l’espace public;
  • ATTÉNUER l’ambiance autoroutière et bonifier les parcours piétonniers;
  • METTRE en valeur le patrimoine urbain.

La participation citoyenne, jalonnée par deux ateliers de coconception, a été étirée dans le temps après le premier évènement grâce à une plateforme interactive ouverte sur une période de quelques semaines. Ce temps de sollicitation a été établi pour maximiser le nombre de participants tout en conservant le caractère ponctuel et attrayant du processus. Cette démarche itérative a permis de mettre à profit le potentiel créatif des citoyens et l’expertise municipale. Dans un contexte organisationnel semblable, elle pourrait être répétée pour mettre en œuvre d’autres projets urbains ambitieux afin de rallier les volontés politiques, les aspirations citoyennes et l’expertise professionnelle.

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Claude Laurin, architecte
Chef de division, Division des projets urbains, Direction de l’urbanisme, Service de la mise en valeur du territoire, Ville de Montréal

Plan et règlements d’urbanisme de la Ville de Bromont

REPENSER LA RÉGLEMENTATION POUR PROTÉGER LES PAYSAGES
© Groupe BC2, 2015.

Pour la révision de son plan d’urbanisme, la Ville de Bromont souhaitait valoriser son patrimoine naturel et paysager en sortant des méthodes conventionnelles de planification. La municipalité a donc remodelé son plan d’urbanisme en se basant sur les principes du « Form-based code ».

Les « Aires de paysage » comme nouvelle base d’aménagement

Ce nouveau plan d’urbanisme est structuré autour de deux concepts : les « Aires de paysage » et les « Plans directeurs d’aménagement ». Les premières sont des portions du territoire dotées de caractéristiques typomorphologiques communes qui constituent les paysages patrimoniaux de Bromont. Des objectifs spécifiques d’aménagement y sont établis. À titre d’exemple, la catégorie « périvillageoise de montagne (desservie) » a comme objectifs le développement d’un produit immobilier rendu unique par l’offre d’une diversité d’habitations desservies par des installations de plein air, alors que la catégorie « périvillageoise de montagne (non desservie) », bien qu’établie dans le même type d’environnement, vise une faible densité dans une perspective de conservation environnementale. De leur côté, les « Plans directeurs d’aménagement » sont des aires de paysages uniques qui font l’objet d’une planification urbaine particulière.

Pour mettre en œuvre ces nouveaux principes d’aménagement, il a fallu adapter ces concepts aux outils conventionnels que sont les règlements d’urbanisme. C’est pourquoi les règlements de zonage ont été révisés pour être simplifiés, et ce, en fonction des aires de paysages identifiées. Par exemple, l’affichage est dorénavant géré par aire de paysage et non uniquement par type d’enseigne. Par ailleurs, le règlement sur les PIIA s’arrime complètement au plan d’urbanisme et détermine pour chaque aire des critères d’évaluation des projets, tels que la qualité, la performance énergétique ainsi que la durabilité des nouveaux projets.

Cette manière de concevoir les plans d’urbanisme est nouvelle au Québec, et cette expérience à Bromont est un des premiers exemples locaux en la matière, ouvrant la porte aux autres municipalités souhaitant passer à un « Form-based code ». Il s’agit d’un modèle particulièrement pertinent pour les municipalités rurales cherchant de nouveaux outils pour protéger leurs paysages traditionnels.

Contact
Steve Potvin, urbaniste,
Directeur principal

Vieillir en santé dans des quartiers sécuritaires à Montréal

IMPLICATION DES AÎNÉS DANS L’AMÉNAGEMENT DE LEUR QUARTIER
© TCAÎM, 2015.

La Table de concertation des aînés de l’île de Montréal (TCAÎM), en partenariat avec le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal), a mis en place la démarche « Vieillir en santé dans des quartiers sécuritaires », qui vise à cibler, en collaboration avec les instances locales (administration et tables de concertation locale des aînés), des secteurs à forte proportion d’aînés (plus de 15% de la population) qui présentent des enjeux de sécurité et dans lesquels des réaménagements seraient nécessaires.

La démarche se déroule en quatre étapes :

  • un diagnostic des problématiques d’aménagement (mobilité, signalisation, mobilier urbain, sécurité);
  • un atelier participatif dans lequel les aînés sont consultés afin de cibler les parcours de marche empruntés, les obstacles rencontrés, les lieux fréquentés et les améliorations souhaitées;
  • une marche exploratoire avec les aînés qui enrichit l’information sur leur expérience de l’espace en tant que piétons et durant laquelle l’audit de potentiel piétonnier actif sécuritaire de la Direction de santé publique de Montréal est appliqué;
  • des propositions d’aménagement qui s’appuient sur les trois étapes précédentes.

Adapter l’aménagement au vieillissement de la population

Alors que les aînés représenteront près d’une personne sur cinq d’ici 10 ans, leur parole n’est pas toujours représentée dans les débats publics concernant l’aménagement du territoire. Pourtant, ils sont, avec les jeunes enfants, la population la plus touchée dans des accidents impliquant des piétons. Dans le contexte de vieillissement de la population, la démarche permet donc de créer un espace où les aînés sont à même de définir leurs propres besoins en matière d’aménagement, de signalisation, de mobilier urbain et de sécurité. Elle outille les aînés et les regroupements locaux pour leur permettre de faire valoir leurs besoins auprès des élus.

En implantant cette démarche, les administrations locales choisissent d’adapter les infrastructures en fonction de la mobilité des personnes vulnérables, améliorant ainsi l’accès des aînés, mais également des personnes avec des limitations fonctionnelles et des familles avec de jeunes enfants à leur territoire. Il s’agit d’une application ancrée dans la réalité locale des engagements pris par la Ville-centre dans le cadre de la démarche Municipalité amie des aînés.

CONTACT
Félix Gravel
Responsable des Campagnes transport, GES et aménagement du territoire, CRE-Montréal