Viaduc 375

Un projet d’urbanisme tactique et inclusif

© Charles-Olivier Bourque, 2018.

À l’occasion du 375e anniversaire de Montréal, le projet du Viaduc 375 a offert pendant quelques jours l’expérience d’une promenade piétonne sur le viaduc Rosemont-Van Horne. L’évènement a été organisé conjointement par trois organismes (les Amis du Champ des Possibles, Mémoire du Mile End et la Société de développement environnemental de Rosemont), ainsi que par plusieurs partenaires locaux. Le projet a transformé le viaduc, s’imposant comme une importante barrière physique dans le paysage urbain, en une promenade animée où un ensemble d’installations éphémères ont rendu hommage au patrimoine ferroviaire montréalais.

Un processus participatif qui revendique le droit à la ville

Ce projet d’urbanisme tactique a visé la réappropriation d’une infrastructure routière pour questionner la place des voitures en ville et le droit des communautés locales à s’impliquer dans la réalisation d’un projet collectif. C’était la première fois à Montréal où l’on détournait un pont de transit pour le transformer en lieu public, la principale force du projet Viaduc 375 résidant dans la participation des communautés locales tout au long du processus.

Issu de plusieurs consultations et ateliers auprès de citoyen.nes et de professionnel.les de l’urbain, ce projet créatif s’est enrichi, entre autres, d’un grand défilé costumé, de panneaux historiques, de plusieurs œuvres d’art, d’un restaurant perché et de projections artistiques nocturnes. Dans le but d’aller plus loin, l’organisation propose de réduire le flux automobile afin de consacrer à long terme une portion du viaduc à un espace de promenade au bénéfice des résidentes et des résidents.

Un projet qui fait évoluer les perceptions

Au-delà des nombreux défis techniques liés à sa réalisation, le succès du projet Viaduc 375 aura permis d’amener le public ainsi que l’administration municipale à porter un regard neuf sur cette infrastructure routière.

L’avenir de ce viaduc faisant état actuellement d’une planification, ce projet d’urbanisme tactique est arrivé à point pour stimuler la réflexion. Cette approche hautement transférable, peu coûteuse et à grand impact peut certainement inspirer l’émergence de nouveaux modèles de réappropriation citoyenne.

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Alice Miquet, urbaniste-stagiaire

Code villageois de Pointe-Claire

Un nouveau type de règlement qui modernise les outils en urbanisme

© Ville de Pointe-Claire, AECOM, Me Marc-André LeChasseur

Le Code villageois de la Ville de Pointe-Claire a pour but premier d’assurer le réajustement de la réglementation d’urbanisme, afin que celle-ci concorde avec la vision du Programme particulier d’urbanisme, adopté en 2016, pour le secteur du village de Pointe-Claire.

Le Code villageois se permet toutefois d’être plus qu’un règlement traditionnel. Ce changement de paradigme permet à la Ville de présenter son territoire selon sa forme urbaine et la qualité des lieux, plutôt que de présenter le secteur comme un simple découpage territorial en zones, sans plus de détails.

Des règles normatives et discrétionnaires jumelées au bénéfice de la forme

Comme tout autre document de réglementation, le Code villageois de Pointe-Claire présente les éléments fondame-taux suivants : les dispositions sur le zonage, le lotissement, les PIIA, et les usages conditionnels de certains secteurs. Toutefois, le Code les regroupe tous dans un seul outil d’urbanisme.

Les dispositions normatives et discrétionnaires du Code présentent trois aspects principaux qui catégorisent (i) la forme urbaine du village, (ii) la relation entre les bâtiments et les espaces non construits – soit l’aspect où le Form-Based Code est le plus pertinent, considérant qu’il met en lumière le rapport entre les espaces ouverts (publics et privés) et la forme urbaine -, et (iii) la relation entre les bâtiments et le domaine public.

Un découpage en fonction des unités de paysage et non des usages

Le Code villageois se distingue par son découpage du territoire en unités paysagères. Chacune de ces unités est analysée de manière distincte, en accordant une attention particulière à sa forme urbaine et à son ambiance unique. Ainsi, le Code s’avère plus approprié pour des aménagements à échelle humaine et mieux ajusté aux besoins ponctuels.

Le Code est un exemple de document permettant de visualiser, grâce à des modélisations graphiques et carto-graphiques, les impacts des normes réglementaires sur la forme urbaine du village, facilitant ainsi la compréhension des dispositions applicables sur le territoire. Il s’agit d’une initiative avant-gardiste au Québec. En effet, c’est la première tentative visant à soustraire un secteur aux règlements d’urbanisme traditionnels et à régir l’aménagement selon un document réglementaire illustré distinct, regroupant les dispositions normatives et discrétionnaires.

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Ahmad Rustom, urbaniste
Conseiller en aménagement – Planification et zonage – Urbanisme | Ville de Pointe-Claire

PIIA du noyau villageois de Mascouche

Encourager et encadrer un patrimoine en évolution

© L’Atelier Urbain

La Ville de Mascouche met en place de multiples mesures pour stimuler la revitalisation de son cœur historique. C’est dans ce contexte qu’elle décide de revoir en profondeur son PIIA du noyau villageois. L’outil en place, à l’instar de nombreux autres PIIA au Québec, paraissait flou aux yeux des citoyens, les critères étaient difficiles d’interprétation, et surtout on y encourageait uniquement un mimétisme architectural des styles passés. Connaissant la valeur patrimoniale de son noyau villageois, la Ville désirait poursuivre l’encadrement serré des projets tout en autorisant également des projets à facture architecturale plus actuelle. Ainsi, le PIIA a été repensé complètement pour devenir un outil illustré, vulgarisé et autorisant une architecture contemporaine en plus de l’architecture traditionnelle.

Vers un PIIA facile à consulter pour tous

Le PIIA est conçu sous forme de fiches illustrées par types d’intervention au lieu de compter une longue liste de critères classés par objectifs. Le citoyen s’y retrouve plus aisément, car les critères sont regroupés par catégories de permis : construction, agrandissement, toiture, stationnement, affichage… Au début du document, un organigramme synthèse permet aux citoyens de repérer en un coup d’œil la fiche s’appliquant à leurs projets spécifiques. Les illustrations conçues spécifiquement pour le noyau de Mascouche accompagnent chaque critère et vulgarisent les éléments à favoriser, mais aussi les éléments à éviter afin de mieux orienter les requérants de permis.

Conservation du patrimoine tout en permettant l’évolution du milieu bâti

De plus, la volonté de permettre une évolution patrimoniale est un élément fort avant-gardiste. Les citoyens peuvent donc choisir, dans la majorité des cas, si la rénovation du bâtiment sera faite suivant une facture patrimoniale ou une facture contemporaine. Chaque fiche prévoit donc des critères et des illustrations explicatives pour chacune des orientations.

Le PIIA du noyau villageois offre une nouvelle manière de répondre au vieux débat qui oppose le contemporain à l’architecture traditionnelle. Il permet de ne pas figer le secteur dans un style d’une autre époque en autorisant, à certaines conditions, l’insertion d’une architecture résolument actuelle. Il est encore trop tôt pour évaluer les retombées du PIIA adopté à l’automne 2018. Gageons que ce format et cette flexibilité intéresseront d’autres municipalités possédant des secteurs anciens.

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Joëlle Ouellette, urbaniste-stagiaire
Agente de projet

Joujouthèque extérieure du corridor vert des cinq écoles

UNE APPROCHE MULTIPALIER POUR AMÉLIORER LA QUALITÉ DE VIE DES ENFANTS
© SOVERDI

L’arrondissement de Montréal-Nord travaille fort pour implanter des initiatives vouées à améliorer les milieux de vie de ses citoyens, à briser l’isolement chez les populations vulnérables et à combattre les îlots de chaleur et autres problématiques environnementales pro-pres aux milieux urbains denses. Le projet du Corridor vert des cinq écoles est l’une des belles initiatives adoptées à ces fins. Le Corridor vert s’étend sur un demi-kilomètre carré et est constitué de cinq écoles, de deux parcs, de la Maison culturelle et communautaire, d’un aréna et d’une piscine publique. C’est plus de 6000 écoliers, parents, enseignants et résidents qui y transitent chaque jour de la semaine. Il s’agit d’un projet développé sur plusieurs années et ayant fait l’objet de multiples interventions. La Joujouthèque est l’une des interventions menées en 2017. Mettant à profit un espace dont l’utilisation est habituellement limitée dans le temps et réservée aux élèves, la Joujouthèque, installée dans une cour d’école, permet de favoriser l’usage partagé d’un lieu. Par sa programmation, elle s’inscrit dans une démarche résolument durable.

L’« activation » de la cour d’école grâce à un projet partenarial

La Joujouthèque a été implantée dans la cour de l’école primaire Jules-Verne, et est constituée d’un conteneur personnalisé et d’un mobilier extérieur flexible. Elle permet le prêt d’articles de sport et de jouets et offre des activités d’animation tout au long de l’été.

La Joujouthèque a permis de mettre à la disposition de la communauté un espace encourageant le vivre-ensemble et le sentiment d’appartenance au quartier, l’interaction entre parents et enfants, ainsi que le développement d’une programmation d’activités adaptées aux besoins de la communauté. La gouvernance du projet constitue sa facette la plus novatrice. En effet, le développement d’un partenariat entre l’arrondissement de Montréal-Nord, la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île, l’école primaire Jules-Verne ainsi que l’organisme SOVERDI a été nécessaire pour que le projet voit le jour. De plus, d’autres partenariats ont été scellés afin de financer, de concevoir ou encore d’animer la Joujouthèque. La création de nouvelles collaborations ainsi que la mise en place de processus simplifiés caractérisent le projet de la Joujouthèque. Grâce à cette première initiative, plusieurs autres du même genre pourront voir le jour de façon à dynamiser l’espace public et à révéler le potentiel de lieux sous-exploités.

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Stéphanie Lavigne, urbaniste
Conseillère en aménagement à la Direction de l’aménagement urbain et des services aux entreprises, Ville de Montréal, Arr. de Montréal-Nord

Pep académie : intervention au parc Rutherford

CATALYSEUR D’APPROPRIATION D’ESPACE PUBLIC
© Steven Porotto

Le réservoir souterrain McTavish est situé sur le campus de l’Université McGill, dans un endroit enclavé et difficile d’accès au versant sud du mont Royal. Conçu au XIXe siècle, cet espace au flanc de la montagne était plutôt méconnu, voire inutilisé. Le projet de la promenade Fleuve-Montagne, inaugurée cet été par la Ville de Montréal, a redonné de l’attention à ce lieu. En partenariat avec l’Université McGill, des travaux de modernisation ont été réalisés afin d’aménager l’espace : terrains de sport, pavés, points d’eau, clôtures, gazon synthétique, mobilier urbain et plus encore ont ainsi fait leur apparition. C’est dans le cadre de cette démarche qu’a été réalisé Chapitre d’été, un projet de bibliothèque en libre-service. Ce projet a permis d’offrir un espace de réflexion sur les usages potentiels du lieu. En outre, c’est dans ce contexte qu’a été invitée la première cohorte de PEP Académie à intervenir dans le parc Rutherford.

Gouvernance résiliente et espaces participatifs

La PEP Académie est une série de courts programmes d’interventions structurantes dans l’espace public qui mobilise étudiants, citoyens et acteurs locaux dans la cocréation d’un espace collectif. Sous forme de cohorte, l’Académie a à cœur d’éveiller un lien entre une communauté et un lieu précis grâce à des activités de sensibilisation, des aménagements réconfortants, des soirées d’animation et des ateliers d’apprentissage. Cette cohorte s’est vu donner comme mission de bonifier et de servir le lieu en portant les désirs des communautés avoisinantes. La mise en place de l’Académie est une innovation permettant de renverser la commande du projet urbain et de redonner une partie du contrôle décisionnel aux citoyens. Travaillant en équipe pluridisciplinaire, elle unit citoyens volontaires, professionnels et jeunes diplômés autour d’un but commun. Pour cette première édition, les membres de la PEP Académie ont réussi à atteindre l’objectif qu’ils s’étaient donné : faire en sorte qu’une communauté développe un sentiment d’appartenance à un espace jadis impersonnel par la mobilisation d’une diversité d’acteurs autour de la création, de l’animation et de l’opération du lieu.