Chroniques radio : ça marche doc!

LIENS CAUSAUX ENTRE LA SANTÉ ET L’AMÉNAGEMENT URBAIN
© Anaïs Labbé, 2017.

La santé publique est l’une des considérations récurrentes dans les théories développées par les urbanistes. Alors qu’au XIXe siècle, elle concernait avant tout les équipements sanitaires et les rejets industriels, les praticiens d’aujourd’hui reconnaissent le rôle que jouent les aménagements urbains dans les pathologies associées au style de vie, telles que les problèmes d’obésité, les maladies cardiopulmonaires provoquées par les polluants générés par les transports ou encore certains troubles de la santé mentale. Afin de sensibiliser la population à l’impact de l’aménagement de leur milieu de vie sur la santé, les établissements de santé du grand Québec-Lévis (CIUSSS de la Capitale-Nationale, CISSS de Chaudières-Appalaches, CHU de Québec-Université Laval, Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec – Université Laval) et l’INSPQ-Fonds vert ont collaboré pour réaliser une série de chroniques radiophoniques, associées à des marches exploratoires.

L’aménagement urbain comme outil de prévention en santé publique

Les chroniques diffusées hebdomadai-rement sur les ondes de Radio-Canada ont donné la parole à des médecins de diverses spécialités ainsi qu’à des experts des disciplines de l’aménagement, dont des urbanistes, aménagistes et architectes afin de vulgariser différents enjeux de santé publique liés au milieu de vie. Afin d’appuyer par du concret les discussions radiophoniques, des marches ont été organisées pour illustrer les différentes thématiques abordées dans les émissions. La couverture médiatique du projet Ça marche Doc! a permis de rejoindre un public estimé à 300 000 personnes, en plus des 8000 visites au site Web du projet et des 500 participants aux marches. La visibilité de ce projet de sensibilisation a par ailleurs incité divers acteurs du milieu (dont l’OUQ) à travailler à un projet de Politique d’intégration de la santé préventive en aménagement urbain.

À la suite du succès de Ça marche Doc!, une deuxième phase a vu le jour à l’automne 2017, cette fois à la télévision. Une série de 24 émissions de 28 minutes est actuellement diffusée sur MATv (télévision communautaire), grandement inspirée des chroniques radiophoniques. Les marches sont toujours au programme et seront directement ajoutées au contenu des émissions. Les émissions, de par leur durée plus importante que celle des émissions radiophoniques, permettent de présenter de bonnes pratiques à l’écran et de rejoindre un public plus large.

CONTACT

Johanne Elsener
Conceptrice et coordonnatrice du projet

OPIAT en Outaouais

UN INSTRUMENT CONCRET POUR ARRIMER LES TRANSPORTS ET L’AMÉNAGEMENT À L’ÉCHELLE DU PROJET URBAIN
© Marion Maurin, 2016.

L’OPIAT (Outil de planification intégrée de l’aménagement du territoire et des transports) est un outil qui permet de comparer différents scénarios d’un projet en évaluant leur cohérence avec les principes inhérents au développement d’une collectivité durable. Il est destiné aux urbanistes et planificateurs dans le domaine des transports.

L’OPIAT semble être un des premiers outils de planification intégrée permettant aux urbanistes et planificateurs d’identifier les externalités d’un projet de transport afin de favoriser une prise de décisions éclairée, dans une perspective d’aménagement durable du territoire. La liste de contrôle constitue la première partie de l’outil et permet de vérifier si l’urbaniste ou le planificateur a toutes les informations nécessaires à l’évaluation des scénarios. La deuxième partie de l’outil, la grille d’évaluation, a pour but de déterminer le niveau de cohérence du projet avec les directives locales à suivre en aménagement du territoire et ainsi de discriminer les scénarios entre eux.

Une analyse des projets de transports à la lumière de l’aménagement

Concernant la conception de l’OPIAT, s’inscrivant dans un essai de fin de maîtrise en environnement, il a été réalisé en collaboration avec le service de planification de la Direction de l’Outaouais du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports et l’Université de Sherbrooke. Le contenu technique de l’OPIAT repose sur une revue de la littérature de 33 documents de planification produits par des entités provinciales et de la région de l’Outaouais. Il s’inspire également de documents modèles à ce sujet tels qu’Objectifs Écoquartiers de Vivre en Ville ou encore Pour des villes à échelle humaine de Jan Gehl. De ce fait, les sources consultées ont permis d’élaborer des critères novateurs en ce qui concerne la planification intégrée des transports et de l’aménagement du territoire.

Dans une perspective de partenariat et de coopération régionale, des ateliers de travail ont été mis en place avec des représentants de collectivités de l’Outaouais telles que les MRC, Vivre en Ville ou encore le Centre de gestion des déplacements Mobi-O. Les participants ont chaleureusement accueilli l’outil et ont salué la démarche. En somme, cet outil illustre un premier pas concret en matière de planification intégrée des transports et de l’aménagement du territoire au Québec. Il serait intéressant que cette démarche se propage dans l’ensemble du Québec afin d’optimiser le partage des connaissances dans le domaine de l’urbanisme.

Contact

Jean-Michel Séguin, urbaniste stagiaire
Professionnel en planification intégrée de l’aménagement du territoire et des transports

Marion Maurin, M. Env.

Vieillir en santé dans des quartiers sécuritaires à Montréal

IMPLICATION DES AÎNÉS DANS L’AMÉNAGEMENT DE LEUR QUARTIER
© TCAÎM, 2015.

La Table de concertation des aînés de l’île de Montréal (TCAÎM), en partenariat avec le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal), a mis en place la démarche « Vieillir en santé dans des quartiers sécuritaires », qui vise à cibler, en collaboration avec les instances locales (administration et tables de concertation locale des aînés), des secteurs à forte proportion d’aînés (plus de 15% de la population) qui présentent des enjeux de sécurité et dans lesquels des réaménagements seraient nécessaires.

La démarche se déroule en quatre étapes :

  • un diagnostic des problématiques d’aménagement (mobilité, signalisation, mobilier urbain, sécurité);
  • un atelier participatif dans lequel les aînés sont consultés afin de cibler les parcours de marche empruntés, les obstacles rencontrés, les lieux fréquentés et les améliorations souhaitées;
  • une marche exploratoire avec les aînés qui enrichit l’information sur leur expérience de l’espace en tant que piétons et durant laquelle l’audit de potentiel piétonnier actif sécuritaire de la Direction de santé publique de Montréal est appliqué;
  • des propositions d’aménagement qui s’appuient sur les trois étapes précédentes.

Adapter l’aménagement au vieillissement de la population

Alors que les aînés représenteront près d’une personne sur cinq d’ici 10 ans, leur parole n’est pas toujours représentée dans les débats publics concernant l’aménagement du territoire. Pourtant, ils sont, avec les jeunes enfants, la population la plus touchée dans des accidents impliquant des piétons. Dans le contexte de vieillissement de la population, la démarche permet donc de créer un espace où les aînés sont à même de définir leurs propres besoins en matière d’aménagement, de signalisation, de mobilier urbain et de sécurité. Elle outille les aînés et les regroupements locaux pour leur permettre de faire valoir leurs besoins auprès des élus.

En implantant cette démarche, les administrations locales choisissent d’adapter les infrastructures en fonction de la mobilité des personnes vulnérables, améliorant ainsi l’accès des aînés, mais également des personnes avec des limitations fonctionnelles et des familles avec de jeunes enfants à leur territoire. Il s’agit d’une application ancrée dans la réalité locale des engagements pris par la Ville-centre dans le cadre de la démarche Municipalité amie des aînés.

CONTACT
Félix Gravel
Responsable des Campagnes transport, GES et aménagement du territoire, CRE-Montréal